
Des débuts sous tension
En 1971, l’Alpine A310 fait son entrée sur la scène automobile. L’objectif est ambitieux : succéder à l’A110, icône des rallyes et chouchou des passionnés. Mais le contexte n’est pas simple. Jean Rédélé vient de céder définitivement Alpine à Renault, et la nouvelle GT, plus confortable et plus civilisée, peine à séduire les puristes.
Sous le capot, on retrouve un 4 cylindres 1,6 L de Renault 16 TS. Les performances sont correctes, la ligne est audacieuse, mais la mise au point est perturbée par des soucis d’approvisionnement. Résultat : l’A310 hérite d’une réputation injustement mitigée, alors qu’elle offre déjà une polyvalence inédite pour une Alpine.
1977 : le V6 réveille la bête
Tout change en 1977 avec l’arrivée de l’Alpine A310 V6. Renault lui offre le bloc PRV 2,7 L, retravaillé pour délivrer 150 ch. Associé à une aérodynamique travaillée, ce moteur propulse la GT à 225 km/h et abat le kilomètre départ arrêté en moins de 29 secondes.
La carrosserie évolue légèrement : face avant à quatre phares carrés sous plexiglas, becquet arrière pour l’appui, et nouvelles jantes à trois fentes typiquement Alpine. L’habitacle, lui, gagne en confort avec vitres électriques, sièges pétale et présentation plus soignée.
Un design en avance sur son temps
Dessinée par Marcel Béligond, l’A310 rompt avec les courbes de l’A110. Sa silhouette basse, tendue et aérodynamique lui donne une allure résolument moderne pour les années 70. La signature visuelle la plus marquante ? Sa rangée de phares sous un plexiglas qui court sur toute la face avant.
Une GT au comportement exigeant
Avec le V6, la répartition des masses passe à 33 % à l’avant, 67 % à l’arrière. Plus de puissance, mais aussi un équilibre plus délicat. L’A310 devient une voiture de pilotes confirmés, surtout sur route sinueuse. Ce n’est qu’en 1980, avec la phase 2 et ses nouveaux trains roulants issus de la Renault 5 Turbo, que le comportement s’assagit réellement.
Évolutions et versions spéciales
Chaque millésime apporte ses petites touches :
- 1978 : boîte 5 vitesses, nouveaux entourages noirs, réservoir porté à 63 L.
- 1980 : élargisseurs d’ailes, boucliers redessinés, jantes de R5 Turbo.
- 1982 : apparition du Pack GT (ailes élargies, spoiler plus grand, jantes 15 pouces avec pneus 225/285).
- Boulogne : la plus rare, avec un V6 porté à 193 ch grâce à une préparation spéciale, pour des performances bien plus musclées.
Une présence remarquée en compétition

Dès 1977, la version Groupe 4 prend la route des rallyes. Guy Fréquelin s’illustre, notamment en remportant le championnat de France sur A310 1600. Des versions Groupe 5, comme la célèbre “Calberson”, atteignent jusqu’à 270 ch, confirmant que l’A310 avait du potentiel à revendre.
Aujourd’hui : une youngtimer recherchée
Produite à 9 276 exemplaires entre 1976 et 1984, l’Alpine A310 V6 est aujourd’hui une pièce prisée des collectionneurs. Les prix démarrent autour de 15 000 € pour un modèle standard et peuvent grimper au-delà de 25 000 € pour un Pack GT en parfait état. La Boulogne, elle, dépasse facilement ces chiffres en raison de sa rareté.
Avec son look unique, son histoire riche et son tempérament de GT sportive, l’Alpine A310 reste une légende de l’automobile française. Elle n’a peut-être pas détrôné l’A110 dans le cœur des puristes, mais elle a su imposer sa propre identité… et elle continue de faire rêver, plus de 40 ans après.
